On m’a souvent demandé : « Comment ont fait les premiers humains pour découvrir les propriétés des plantes ? » Je me suis également posé la question pendant longtemps. En observant les animaux et en entendant diverses histoires à leur sujet, je me suis dit que les premiers humains devaient être plus proches de leur instinct et moins dans leur intellect, tout comme le sont les animaux qui savent intuitivement vers quelle plante se tourner quand ils ont un malaise. C’est probablement l’intuition qui a guidé nos ancêtres vers les aliments et les remèdes que leur offrait la nature. Au début des années 1990, un passage lu dans le livre L’intelligence des plantes de Robert Frédérick m’a mise sur cette piste. En effet, l’auteur racontait une histoire vécue par quelques pilotes d’avions militaires dont l’appareil avait été touché en sol ennemi. Certains de ces pilotes survivaient à l’écrasement et se retrouvaient seul dans une forêt dont la flore leur était totalement inconnue. Ils devaient survivre dans un environnement étranger, à court de vivres et d’eau. Certains de ces pilotes ont été retrouvés vivants des mois après leur accident. Ils racontaient qu’à un certain moment, affamés et n’ayant qu’eux-mêmes sur qui compter, ils avaient développé un sixième sens, une faculté de communiquer avec les plantes. Certaines les invitaient à se nourrir de leur feuillage, de leur fruit ou d’autres de leurs parties alors que d’autres leur envoyaient un signal de danger. En écoutant ces messages, ces pilotes ont réussi à survivre pendant des mois. La nécessité, la survie et un contact étroit avec la nature leur ont permis de développer des facultés de communication avec le règne des plantes. Le goût peut aussi être un indice de la toxicité d’une plante. Il n’est pas infaillible, mais il peut renseigner sur les dangers de consommer une plante donnée. Un goût âcre n’invite pas à faire bombance et c’est plutôt un avertissement qui signifie qu’on a peut-être affaire à une plante toxique. Il est probable que les essais, les erreurs, les expériences aient aussi permis de raffiner le savoir sur les effets des plantes. Parfois, on prend une plante afin d’atténuer un symptôme ou un malaise précis et on se rend compte que cela règle un autre problème qui était présent. C’est ce savoir, enrichi au fil des siècles, qui est parvenu jusqu’à nous. Certains usages sont tombés en désuétude et d’autres se sont ajoutés. L’humain et les plantes évoluent et s’adaptent à leur environnement en constante évolution. L’herboristerie est un art qui s’est transmis très souvent dans la discrétion. Il faut dire que les porteuses et porteurs du savoir sur les plantes médicinales ont été pourchassés pendant l’inquisition où des millions et des millions de personnes ont péri sur le bûcher ou par la torture. Pour quelles raisons? Est-ce que ces femmes et ces hommes (c’était surtout des femmes) avaient une forme d’autonomie et de pouvoir qui ne plaisait pas à la classe dirigeante? Est-ce cette chasse aux sorcières qui a rendu les herboristes se sont davantage tapis dans l'ombre? Malgré tout, les herboristes ont continué de dispenser des soins, car le désir d’aider et de soulager la souffrance demeurait. Les connaissances étaient transmises de génération en génération. Toutefois, au milieu du 20e siècle, l’avènement des médicaments de synthèse a pratiquement relégué aux oubliettes les plantes et leurs vertus médicinales. La transmission s’est malheureusement effritée dans le monde moderne. Plusieurs personnes se souviennent d’avoir vu leur grand-mère soigner avec certaines plantes, mais ce savoir n’a pas été transmis. Il y a environ vingt-cinq ans, ces connaissances ont à nouveau été transmises au Québec par Marie Provost et Danièle Laberge et cela a été le début des écoles d’herboristerie dans notre province. Aujourd’hui, le nombre de personnes se tournant vers les plantes pour se soigner va en grandissant. L’augmentation, sans cesse croissante, des ventes de produits naturels et l’intérêt marqué pour les cours sur les plantes qui soignent sont là pour le prouver. Il se trouve des détracteurs qui disent que les plantes n’ont pas d’effet et que leurs propriétés ne sont pas prouvées scientifiquement. Toutefois, des milliers d’années d’utilisation et d’expertise transmises et bonifiées sont une accumulation de preuves qui ne peut être niée. Je constate quotidiennement les bienfaits des plantes ainsi que leur capacité à atténuer des problèmes de santé ou à les faire disparaître carrément. Je ne peux douter de leurs effets. Pas besoin d’un scientifique pour me dire que cela fonctionne. Je le constate et tant mieux si un scientifique, par son analyse, vient confirmer ce que le savoir empirique nous permet de constater depuis des centaines, voire des milliers d’années. Et je ne suis pas la seule à remarquer l’effet bénéfique des plantes, nous sommes un nombre incalculable sur la planète qui nous nous soignons avec les végétaux. D’ailleurs, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande aux pays de faire appel davantage aux médecines traditionnelles (MT) ou aux médecines complémentaires (MC), dont font partie les plantes médicinales, pour améliorer la santé de la population. Le rapport complet de la Stratégie de l’OMS pour la médecine traditionnelle est disponible en ligne.
La Stratégie de l’OMS pour la médecine traditionnelle pour 2013-2024 se donne comme objectif d’aider les états membres à :
Alors, même s’il y a eu en Occident une période où les plantes médicinales ont été moins présentes dans les soins, elles sont demeurées, pour une grande partie de la population mondiale, la seule médecine accessible. En Occident, on les redécouvre et elles peuvent compléter de manière très efficace les traitements médicaux conventionnels. Il y a un véritable mouvement dans ce sens et l’Organisation mondiale de la santé encourage les pays membres à développer des collaborations entre les différentes médecines pour le bien de l’être humain. Cette utopie n’est peut-être pas si loin. D’ailleurs, l’Université de Montréal organise en mai 2017 une journée sur la santé intégrative et des cours sur les approches complémentaires sont offerts maintenant à la faculté d’éducation permanente de cette université. À suivre...
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Ce sont mes réflexions et mon expérience de vie de femme, mère, herboriste et coach que je partage dans ces textes. |
Photos du site: Gregory Schlybeurt, Pixabay, Unsplash
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