Les xénoestrogènes, vous connaissez?

De nos jours, les déséquilibres hormonaux sont fréquents et cela s’explique notamment par les xénœstrogènes: ces substances similaires à nos œstrogènes naturelles qui se lient à nos récepteurs œstrogéniques sur nos cellules et activent des réactions qui peuvent être de 10 à 100 fois plus puissantes que nos hormones endogènes. Il y a plusieurs composés chimiques qui se sont ajoutés à notre quotidien dans les dernières décennies; agents de conservation, colorants, plastiques, hormones de synthèse, les pesticides, etc.
 
Ces substances viennent perturber l’équilibre hormonal naturel et les effets peuvent être sérieux. Cela commence avec une puberté précoce. Sarah Maria Leblanc, herboriste thérapeute, raconte dans la revue Plantes médicinales qu’elle avait reçu une maman avec sa fille de huit ans qui présentaient déjà des signes de puberté: poils aux aisselles, seins qui se développent, irritable, humeur dépressive. Le médecin avait dit qu’il n’y avait rien à faire et que c’était une puberté précoce. La mère voulant trouver une solution avait demandé conseil à Sarah Maria. Le premier conseil qu’elle avait donné était d’éliminer toutes les sources de xénœstrogènes:

• Les jouets et la vaisselle en plastique qui étaient très présents dans leur vie
• Les aliments chauffés au micro-ondes dans du plastique
• La viande rouge : en réduire la fréquence et la choisir biologique
• L’eau d’aqueduc : en mettant un filtre sur le robinet
  

Elle a aussi recommandé quelques plantes pour soutenir le foie. Après trois semaines, les seins avaient diminué de volume, son comportement s’était adouci.  En moins de trois mois, l’enfant a retrouvé son corps de petite fille grâce à des changements d’hygiène de vie et quelques plantes. Ceci est un exemple extrême, mais qui démontre bien l’effet que peuvent avoir toutes ces substances ajoutées à nos vies. Pourquoi l’âge moyen de la puberté chez les filles était de 14 ans au début du 20e siècle et que maintenant cela peut arriver aussitôt qu’à 8-10 ans?
 

Bien sûr les instances publiques diront que telle quantité de produit n’est pas néfaste, mais quand on mélange les milliers de composés ensemble qu’en est-il? Cette synergie de soupe chimique a quelles répercussions dans notre organisme et cela sans parler des effets sur la planète.

Voici une liste des xénœstrogènes les plus courants:
 
Le bisphénol A (BPA)
 Substance chimique industrielle qui produit un plastique dur et transparent. On le retrouve dans les résines époxydes. Il est présent dans:

• Les pichets
• Les bouteilles d’eau
• Les contenants pour la conservation des aliments (en plastique ou intérieur de boîte de conserve)
• Les articles de vaisselle en plastique

Également dans les produits de construction:

• Peintures, enduits
• Lubrifiants, graisse
• Adhésifs et produits d’étanchéité

 
Les phtalates
Les phtalates sont un ensemble de substances chimiques qui donnent de la souplesse et de la flexibilité aux plastiques. Ils servent également de solvant pour des produits de soins:

• Les cosmétiques
• Les médicaments sans ordonnances
• Les produits de santé naturels

Peuvent aussi être présents dans:

• Les tissus et textiles
• Les produits électroniques et électriques
• Les jouets pour enfants et produits de soins pour enfants
• Encre d’imprimerie
• Produits d’automobile
• Produits anti parasitaires
• Certains emballages d’aliments

 
Comme Santé Canada le mentionne: « Vous pouvez être exposé aux phtalates en raison de l'utilisation de ces produits. Vous pouvez aussi être exposé aux phtalates par l'air intérieur, la poussière, l'eau et les aliments. »
 
Les pesticides
En agriculture, on utilise substances chimiques pour tuer ou contrôler les adventices, les champignons, les insectes et animaux. Certains pesticides comme le DDT qui est maintenant interdit au Canada se retrouve encore dans l’environnement et est encore utilisé dans certains pays malgré les risques qu’il représente. De plus, les aliments que nous consommons qui sont importés de ces pays peuvent en contenir.
 
Pour la santé de la planète, des générations actuelles et futures, des animaux, des insectes et des abeilles, choisissons davantage d’acheter des aliments biologiques le plus possible.
 
Les produits laitiers
Les laits, fromages et produits dérivés des laits de vache, chèvre et brebis contiennent naturellement des hormones de croissance. Il y a une interrogation à savoir si ces hormones peuvent avoir un impact négatif à long terme. Les avis sont partagés selon si on consulte des associations de producteurs laitiers ou d’autres sources. De plus, les études sont parfois contradictoires. Reste que la modération est de mise ici si on tolère bien les aliments dérivés du lait.
 
Les médicaments
Plusieurs médicaments se retrouvent dans les eaux usées qui sont traitées et retournées dans les cours d’eau. En 2014, une étude a été faite pour évaluer le taux d’analgésiques, d’hormones synthétiques et autres médicaments dans les eaux du fleuve St-Laurent. On a constaté que des poissons et moules en aval de Montréal se féminisent sous l’effet des perturbateurs endocriniens.
 
Pistes de solutions
En résumé, une excellente façon d’éviter une exposition à ce genre de produits, est d’être vigilant dans ses achats. Par exemple, éviter les poêles en Téflon et les contenants en plastique autant que possible et ne pas chauffer ces derniers au micro-ondes. Choisir plutôt les ustensiles en céramique, en verre, en fonte. Être vigilant dans le choix des produits pour les soins du corps et de la maison en se tournant vers des produits artisanaux ou naturels de qualité ou en les faisant soi-même. Filtrer son eau surtout si elle vient d’un aqueduc municipal.
 
Le site Environmental Working Group (EWG) contient des informations pertinentes sur le contenu des aliments et des produits cosmétiques et leur innocuité. Il y a notamment the « Clean Fifteen » et « Dirty Dozen ». La première liste énumère les fruits et légumes qui contiennent le moins de sortes de pesticides et la deuxième, ceux qui en contiennent la plus grande variété. On prend quand même ces informations avec discernement, car le maïs se trouve dans « Clean Fifteen », car il contient seulement un pesticide, mais il est très controversé : le glyphosate. Les fraises sont fragiles et on utilise des fongicides et autres produits pour qu’elles se conservent assez pour se retrouver des milliers de kilomètres plus loin sur nos tablettes durant l’hiver. Elles sont toujours sur la liste « Dirty Dozen ».

Conclusion
Il y a donc moyen de diminuer la présence de ces substances dans notre quotidien. L'idée n'est pas de paniquer, mais plutôt de faire des choix éclairés dans nos achats et nos habitudes de vie. On contribue ainsi à une meilleure santé des humains et de la planète.
 
Références :
BERRYMAN, David, Myriam RONDEAU, Véronique TRUDEAU. Amélioration de la qualité de l’eau: Concentrations de médicaments, d’hormones et de quelques autres contaminants d’intérêt émergent dans le Saint-Laurent et dans trois de ses tributaires, Ministère de l’environnement, Gouvernement du Canada, 2014.
https://www.planstlaurent.qc.ca/fileadmin/publications/Resultats_2011-2016/Qualite_eau/10_1_2/Fiche_qualite_de_l_eau_fr_2015.pdf
LEBLANC, Sarah Maria. « Les perturbateurs endocriniens ». Plantes médicinales, traditions, science et santé, Volume 5, numéro 1, 2021.
ROMM, Dr Aviva. Hormone Intelligence, Harper One, San Francisco, 2021, 390 p.
SANTÉ CANADA, Le bisphénol A (BPA), Gouvernement du Canada, 2018. 
https://www.canada.ca/fr/sante-canada/services/securite-maison-et-jardin/bisphenol-bpa.html
SANTÉ CANADA, Phtalates, Gouvernement du Canada, 2020.
https://www.canada.ca/fr/sante-canada/services/securite-produits-et-substances-chimiques/phtalates.html