Le mois d'août est une occasion renouvelée de réconciliation avec une plante qui fleurit abondamment à cette période: la verge d'or. En effet, pendant longtemps, chaque année, je voyais, avec déception, les champs se couvrir de sa floraison dorée. Cela représentait la fin de l'été qui s'annonçait et c'était toujours trop tôt pour moi. Une nostalgie m'habitait à la vue des champs d'or de cette période. J'avais de la difficulté à développer des affinités avec elle. En plus, je devais en parler lors d’ateliers d’herboristerie que je donnais et c'était toujours avec un certain malaise que je l'abordais. Je l'ai récoltée et transformée, mais le concentré de verge d'or et ses sommités fleuries séchées demeuraient bien rangées dans mon armoire sans que je les utilise vraiment. Je la conservais sans y avoir recours. Il faut dire aussi que je suis allergique à son pollen. Depuis plusieurs années, je souffre d'allergies saisonnières en août, et la verge d'or y est pour beaucoup. J'ai pu le constater à quelques reprises. J’ai déjà fait un très beau bouquet de verges d'or pour mettre dans la maison, comme signe de réconciliation avec elle, mais j'éternuais tellement que j'ai dû le mettre dehors. En 2007, une collègue est venue me chercher pour que l’on se rende à une foire à Montréal. Nous avions un kiosque dehors toute la fin de semaine pour parler d’herboristerie. Peu après être montée dans sa voiture, je me suis mise à éternuer et à me moucher sans comprendre ce qui se passait. Après un certain temps, je me suis retournée et j'ai vu, à l'arrière de la fourgonnette, deux magnifiques bouquets de fleurs où trônait la verge d'or. J'ai tout de suite compris d'où venait mon malaise.
Malgré mes réserves à son endroit, je me suis dit: « Je vais essayer de soigner le semblable par le semblable », et je me suis mise à prendre des tisanes de verge d'or et d'hysope en récoltant ce qu’il y avait dans les bouquets qui décorait les tables du kiosque. Cela m'a beaucoup aidée. Le fait de la prendre en interne semblait me désensibiliser, et l'hysope contribue à diminuer la sécrétion de mucus en plus de rendre la tisane délicieuse. À un moment donné, pendant la fin de semaine, c'était tellement occupé que je n'avais pas le temps de refaire de la tisane. J'ai donc mangé les fleurs de verge d'or directement pour bénéficier de leur effet et cela m'a aidée. Pendant la même période, j’ai croisé un ami spécialiste du décodage des maladies. J'en ai profité pour lui demander s'il pouvait m'aider à comprendre pourquoi j'ai des allergies à cette période. Il m'a posé quelques questions et cela m'a ramenée à mon enfance. Mes parents ont souvent déménagé pendant mon primaire, et j'ai souvent changé d'école. Lorsque j'avais huit, neuf et dix ans, nous avons vécu à Coaticook tout près de chez ma grand-mère, que j'adorais. Nous avions un grand terrain avec un immense potager et un petit coin sauvage où j'allais cueillir des plantes pour faire des potions et des soupes pour mes poupées. L’herboriste en herbe était déjà à l’œuvre. Je me rappelle très bien avoir souvent utilisé la verge d'or, car il y a un insecte qui pique sa tige et qui s'y réfugie, ce qui forme un renflement sur la tige qui ressemble à un petit oignon vert. J'utilisais ces « petits oignons » pour mes potions. Au mois d'août du deuxième été que je passais dans ce bel environnement, nos parents nous ont annoncé que nous allions déménager à Sherbrooke. Quelle tristesse pour moi de quitter ma grand-mère et ce lieu où j'avais passé la plus belle partie de mon enfance et dont je garde les plus beaux souvenirs! Mon ami m'a expliqué que la verge d'or était présente dans l'environnement quand j'ai appris cette mauvaise nouvelle, qui était pour moi une séparation, et que cette plante et son pollen étaient un rappel inconscient de ce moment douloureux. Cette prise de conscience m'a permis de regarder la verge d'or autrement, de l'apprivoiser, de l'apprécier, de la savourer et de comprendre que ma réserve première à son endroit était associée à un souvenir douloureux que je n'avais pas vraiment exprimé; que mon corps avait gardé cette émotion enfouie et que celle-ci se manifestait chaque fin d'été lors de la floraison de la verge d'or. Alors j’ai fait la paix avec ce moment de mon enfance et aussi avec la verge d'or, elle qui sait si bien aider les reins à trier ce qui doit être conservé ou éliminé et qui contribue ainsi à nettoyer l'organisme des déchets et à soutenir leur élimination. Voilà ma petite histoire avec la verge d'or, que j'apprends à aimer. Puisqu'elle sait si bien trier ce qui ne convient plus par l'intermédiaire des reins, je m'en inspire pour trier aussi dans ma vie ce qui n'a plus besoin d'être. Une histoire d'amour et de complicité se développe entre nous. Qui l'eût cru? La compréhension de mon souvenir d'enfance m'amène la délivrance et de belles récompenses. J’ai raconté cette histoire lors d’une visite de jardin, et une étudiante qui était présente s’est retrouvée très émue, car elle n’aimait pas la mauve musquée. Elle devait l’étudier dans le cadre de son apprentissage de l’herboristerie et repoussait toujours ce moment. À la suite de mon histoire, elle a compris qu’elle avait associé la mauve musquée à sa grand-mère qui en avait un peu partout autour de sa maison quand elle était vivante. Elle aimait beaucoup sa grand-mère et a réalisé que la mauve musquée lui rappelait inconsciemment la perte de sa celle-ci. Il est intéressant de regarder nos réticences qui peuvent cacher une blessure émotive. En prendre conscience apporte du réconfort et de la paix. Les commentaires sont fermés.
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Ce sont mes réflexions et mon expérience de vie de femme, mère, herboriste et coach que je partage dans ces textes. |
Photos du site: Gregory Schlybeurt, Pixabay, Unsplash
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